8 gros mensonges sur l’amour (et le rétablissement de la choquante vérité) – partie 1

Au cours de ma (plutôt) longue expérience du couple et de l’amour – qui, dans mon cas présent, va avec – j’ai eu des dizaines et des dizaines de conversations sur la question avec tout un tas de personnes et dans des contextes très différents, du chat facebook avec une amie maquée à l’autre bout du monde au dialogue alcoolisé avec un célibataire sur un comptoir de bar, des discussions profondes avec l’homme de ma vie à celles, plus légères, avec les copains-copines, des prises de bec avec les insupportables donneur-ses de leçons aux fils de commentaires de la blogosphère…

Si je me suis enrichie de toutes ces discussions, beaucoup d’entre elles m’ont néanmoins laissé un petit goût de frustration et m’ont donné à penser que dans notre culture sentimentale, bercée par les contes de fée et le cinéma hollywoodien, c’est surtout l’immaturité amoureuse, l’illusion fusionnelle et une vision erronée du couple qui prédomine.

Donc histoire de remettre les points sur les i, je me suis dit qu’une petite mise au point amoureuse ne ferait de mal à personne.

NB : même si je parle de « vérité », cet article ne reflète que mon opinion. Je vous invite à réagir si vous n’êtes pas d’accord mais dans la joie et la bonne humeur, en vous affranchissement des jugements à 2 balles et avec arguments à l’appui. Je censurerai sans état d’âme tout commentaire à caractère judgmental (pourquoi ce mot très pratique n’existe-t-il pas en français ?), insultant ou juste naze. Merci.

Voilà donc 8 grosses contre-vérités sur l’amour que j’ai pu entendre au cours de ma jeune vie et l’explication de Pourquoi c’est pas vrai (qui ne va peut-être pas vous plaire) 😉

Is this love...?
Is this love…?

1. « On ne peut pas aimer et être attiré ailleurs »

Ce n’est pas pour rien que je commence par ce mensonge là : c’est un des trucs les plus débile que j’ai (trop souvent) entendu sur la question et qui sert hélas de pierre angulaire à bien trop d’autres réflexions.

Cette idée que lorsqu’on ne désire plus ou pire, que l’on désire ailleurs, cela veut dire que l’amour est mort et que la relation est finie est idiote et dangereuse. Elle conduit au déchirement de milliers de couples, à la culpabilisation des individus et à des drames sans fin. Il faut être complètement maso pour rester convaincu que c’est vrai.

Alors comment dire…? Déjà quand on aime, on le sait, et ce ne sont pas des facteurs extérieurs (« On ne baise plus ») qui en décident ; c’est juste le cœur qui le dit, et le cœur ne se trompe jamais.

Ensuite, il semblerait (et des études sont là pour le montrer) que la baisse du désir soit un phénomène inéluctable – bien que non encore scientifiquement exploré et expliqué – dans une bonne majorité de « vieux » couples. Rien n’indique en revanche que l’amour ait déserté les ménages en question ; juste : on ne se saute plus dessus sauvagement 3 fois par jour comme du temps des premier(e)s semaines/mois/années insouciant(e)s de notre amour.

Donc rassurez-vous si cela vous arrive : ceci est parfaitement normal et je pense même que c’est biologique. Une question de production hormonale qui se tarit à un moment, inévitablement.

Par ailleurs, la croyance que le désir est quelque chose de fini et figé qui, une fois qu’il s’est porté sur la personne avec laquelle on a choisi d’être, n’en délogera plus est tout simplement fausse. Le désir est infini et l’amour ne connait pas non plus de limites. Si le désir s’est amenuisé pour la personne qu’on aime, cela ne veut pas dire qu’il a totalement disparu et il est tout à fait possible qu’une autre personne vienne le réveiller. Cela ne veut pas dire qu’on aime plus puisque aimer et désirer sont deux choses différentes.

Ce qui est marrant c’est de voir à quel point on accepte facilement le contraire : Désir ≠ Amour (en tous cas c’est vrai dans mon entourage ou ça couche à tout va sans qu’il ne soit question de sentiments amoureux). Cela prouve bien qu’être attiré et aimer sont deux chose dissociables.

Et, en toute logique mathématique, si c’est vrai dans un sens, cela devrait être vrai dans l’autre… (en tous cas il me semble, mais j’ai fait hypokhâgne)

2. « L’amour passionnel, ça peut durer toute la vie »

Ils me font doucement rigoler ces gens qui, des étoiles dans les yeux, sont encore persuadés qu’un jour l’Amour va leur tomber dessus au coin de la rue et que le reste de leur vie ne sera qu’éternelle béatitude.

Pourquoi se fait-on du mal et enchaine-t-on les déceptions amoureuses en se forçant à croire que l’amour est un truc de dingue qui arrive une fois dans sa vie le jour où on trouve « The One », notre héros, notre sauveur, celui qu’on attendait pendant tout ce temps et qui va faire de notre vie un long fleuve à la fois tranquille et tumultueux, une mer à la fois calme et pleine de remous, une passion à la fois sereine et dévorante…

Ahem… Oui ça arrivera sans doute un jour, et même plusieurs fois, mais il est strictement impossible que cela dure toute la vie et si c’est ce que vous cherchez vous risquez bien de le chercher longtemps.

Au bout d’un temps, la passion s’apaise et on y peut rien. L’amour reste mais il est moins enflammé, moins urgent, moins viscéral. Il est plus doux, plus rassurant, plus profond. Plus monotone aussi. C’est comme ça.

La passion à vie impliquerait l’obsession de l’autre et la fusion totale jusqu’à ce que la mort nous sépare. Je ne vois pas comment cela peut être possible à l’échelle d’une vie (ou même de plusieurs années) et je n’y vois d’ailleurs rien de très sain : comment peut-on penser que l’autre va combler toutes nos attentes infiniment alors que nous sommes tous des êtres humains par définition imparfaits, incomplets, en évolution permanente ?

J’ai toujours trouvé cela monstrueusement orgueilleux de considérer qu’on pouvait représenter le monde pour une seule personne et répondre à toutes ses attentes – affectives, matérielles, sexuelles… – pendant toute notre vie. Le couple est un bien trop petit clan pour assumer tout cela. Et puis pourquoi se mettre une telle pression ? En tous cas clairement, moi, je n’ai pas peur de le dire: je ne m’en sens pas capable. Et si l’homme de ma vie trouve des choses que je ne peux pas lui apporter ailleurs (y compris dans les bras d’une autre à l’occasion), à moi d’être assez intelligente pour ne pas laisser mon ego s’en mêler et mes craintes irrationnelles tout bousiller. Parce que comme je l’aime, je veux aussi continuer d’être avec lui.

J’ajoute que si certains s’accommodent très bien de la disparition de la passion – au sens de cette puissante et inexplicable exaltation qu’on peut ressentir au début d’une relation amoureuse et qui nous submerge – dans leur vie et ne s’en portent que mieux, c’est beaucoup plus difficile pour d’autres. A chacun d’agir en conséquence et de trouver son équilibre, en sortant des normes « morales » s’il le faut (et fuck les donneurs de leçons).

3. « La jalousie, c’est légitime »

La jalousie naît d’une croyance à mon sens complétement erronée que, parce que vous aimez l’autre, qu’il vous aime, que vous êtes ensemble, il vous appartient, et réciproquement et que vous avez donc un droit de regard sur tout ce qu’il fait de sa vie – et surtout de son corps.

Dans certains pays, cette croyance justifie qu’on cache les femmes sous des burkas. Dans d’autres, elle légitime le pétage de câble et le lynchage en règle de l’infidèle qui aura disposé de son corps comme il/elle l’entend.

Comment peut-on excuser la jalousie dans le dernier cas tout en conchiant celle du premier?

Autrement dit, comme l’écrit très bien mon bloggeur de l’amour fétiche dans cet article : « Comment sait-on que la limite fixée dans la culture occidentale – essentiellement la relation sexuelle – a vocation à être une norme universelle ? Il y a tout un monde de nuances entre par exemple savoir tolérer un sourire innocent à une extrémité de la gamme, et accepter une cohabitation en trio à l’autre extrémité. Comme on ne peut pas savoir où est la bonne limite ; et puisqu’il faut bien condamner certaines manifestations de la jalousie, il me semble plus rationnel de considérer toute jalousie comme une pulsion archaïque qu’il faut savoir dompter ou désamorcer, pour le bien de la société ».

Donc je suis désolée les jaloux, mais la jalousie, ça craint du cul.

La bonne nouvelle, c’est que ça se soigne et je pense d’ailleurs qu’il est bien plus facile de guérir de sa jalousie que de guérir de sa sexualité (on pourrait demander aux homos qu’on a voulu « guérir » du temps ou l’homosexualité était considérée comme une maladie ce qu’ils en pensent…).

Donc si dans un couple, il y a un jaloux chronique et un infidèle chronique, il y a de fortes chances qu’il faille plutôt travailler sur la jalousie de l’un que sur les infidélités de l’autre pour que les choses marchent à long terme. Après si l’infidélité est une rupture déguisée parce que le couple ne fonctionne pas ou plus, pas besoin de travailler sur quoi que ce soit, il vaut mieux juste se séparer. 

4. « La jalousie, c’est une preuve d’amour »

Encore une connerie sur la jalousie qui permet de – pas très subtilement – contourner ce phénomène pour éviter de se pencher dessus et de le désamorcer.

Quand vous aimez quelqu’un, normalement, vous voulez qu’il soit heureux. Bien sûr vous voulez aussi qu’il soit là pour vous et qu’il vous aime. Mais ça s’arrête à peu près la. En toute logique, si vous sentez que votre partenaire vous aime et que vous pouvez compter dessus, il n’y a pas de raisons d’être jaloux lorsqu’il trouve un peu de bonheur ailleurs, et auprès de qui que ce soit, puisque, comme j’ai dit plus haut, vous ne pouvez pas tout lui apporter. Tant que cela ne met pas en péril votre union, cela ne vous enlève rien, à vous.

Si vous vous sentez délaissé, abandonné, que vous avez l’impression de ne plus être aimé ou désiré, c’est un autre problème que la jalousie qui est juste un moyen assez pervers de reporter sur l’autre un problème qu’il n’appartient qu’à nous de régler. La preuve c’est que cela peut arriver sans qu’il y ait une tierce personne impliquée. Cette tierce personne vient souvent exacerber un sentiment qui existait déjà à la base de toutes façons, et qui a souvent une origine inconsciente et irrationnelle.

Il n’y a pas du tout d’amour (à part l’amour de son propre égo) dans ce réflexe de possessivité qui est le moteur de la jalousie, au contraire, et on peut très bien aimer, et même aimer follement, sans être jaloux parce que l’amour, le vrai, est inconditionnel. On aime follement nos enfants et pourtant on est bien contents pour eux lorsqu’ils trouvent l’amour à leur tour, même si cela les éloigne de nous (et que ça fait un peu mal au bide)…

La suite au prochain épisode. Stay tuned.

6 réflexions sur “8 gros mensonges sur l’amour (et le rétablissement de la choquante vérité) – partie 1

  1. Moi je suis jalouse alors que je ne l’avais jamais été précédemment. Mais je ne suis pas une jalouse maladive. Il peut sortir, je ne vais jamais sur son ordi ou vérifier ses mails (je préfère poser les questions directement et voir son regard). Je ne suis jalouse que d’une seule et unique chose: son ex! Pourquoi? Car elle est belle, a fait de grandes études et surtout il en a été fou amoureux. Je ne l’ai jamais rencontrée, c’est une projection que je me fais mais je sais, après y avoir longuement réfléchi, que c’est une manière de matérialiser toutes mes peurs. Probablement que si je la rencontrais, elle tomberait de son pied d’estale comme un soufflé et je serais limite déçue. Pour ce qui est de la passion, il est inévitable qu’elle retombe mais je pense que c’est comme les montagnes russes, il faut savoir remonter et ranimer la flamme. Il ne faut pas lutter contre la monotonie qui s’installe, la laisser nous prendre puis retrouver le désir, la passion (qui, selon moi, est surtout en nous-même) sans attendre que ce soit à l’autre de nous « réveiller ». Un couple passionné est un couple de deux personnes qui sont individuellement passionnés et qui partagent leur passion. A plus tard pour d’autres réflexions matinales et merci pour ton article très intéressant qui fait écho à certaines idées en germe.
    Alice

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    1. Merci Alice pour ce commentaire! Tout d’abord je souhaiterais préciser que je ne « juge » aucunement les jaloux et que j’aurais beau jeu de balancer la pierre à qui que ce soit, moi qui, certes, ne suis pas du genre jalouse (mais qui n’ait jamais vraiment eu à l’etre…), mais abrite en moi bien d’autres peurs et colères irrationnelles dont j’ai aussi du mal à me défaire. De toutes facons, il n’y a jamais rien de définitif et le recul dont tu fais preuve sur ta jalousie me semble déjà très encourageant pour la comprendre et faire en sorte qu’elle ne te fasse pas trop souffrir.
      D’accord aussi pour dire que la passion peut suivre le meme chemin que les montagnes russes mais attention à cette pression culturelle étouffante et souvent contre-productive à absolument « faire renaitre la flamme » lorsque celle-ci semble s’etre éteinte. Déjà, ce n’est pas forcément un problème qu’elle se soit éteinte, et comme tu dis, cela n’est peut-etre que provisoire. Et en attendant qu’elle renaisse, laissons un peu de place à l’amour tranquille, monotone et serein 🙂

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